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Apocalypse d'Angers

Ioan (Ioannès en grec) ou Jean l'Apôtre fut le témoin de la vie de Jésus-Christ et son disciple préféré. Il en aurait reçu les confidences et des enseignements que les autres apôtres ne partagèrent pas, parce qu'il représente, dans la hiérarchie des puissances spirituelles, le chef des initiés à la gnose chrétienne ainsi que de l'Église ésotérique.
 
Les théologiens s'efforcent de rattacher le christianisme au judaïsme or, en réalité, l'Église chrétienne procède plutôt des sources aryennes, celtiques et surtout helléniques. D'ailleurs, le 4ème Évangile, celui de Jean, est essentiellement hellénique. Écrit en grec, il ne contient que de rares allusions à la Bible et nous rattache, à travers l'essénisme, à Pythagore, et même au druidisme. Mélange de morale stoïcienne, d'idéalisme platonicien, de rationalisme aristotélicien et de mystique chrétienne, unie à la piété et à l'action constructive, telle est la gnose johannite que l'on peut également appeler le gnosticisme chrétien.
 
C'est le Concile de Nicée qui, en 325, proclama la divinité du Christ à la majorité des voix et qui, condamnant l'arianisme, obligea la doctrine ésotérique de Jean à se séparer de l'Église de Pierre. C'est alors que cette dernière se rattacha, de plus en plus, au judaïsme.
 
Retiré sur l'île de Patmos, saint Jean, dit l'Évangéliste, avait fondé une école dite "johannique". Âgé de quatre-vingt-dix ans, c'est sans doute l'un de ses disciples qui est l'auteur du texte original de l'Apocalypse, écrit à la fin du 1er siècle après J.-C., sous le règne de l'empereur Domitien. Son succès s'explique en raison de son contenu. Elle plonge l'homme du Moyen Âge dans un état eschatologique, et peut-être lui fait elle supporter avec plus de patience les épreuves de son existence. Il reste que la fin du monde crée une perpétuelle angoisse pour l'homme médiéval et le jette dans l'appréhension du Jugement dernier. Dressons-en le décor.

"Je tombai en extase, le jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix clamer, comme une trompette : "Ce que tu vois, écris-le dans un livre pour l'envoyer aux Sept Églises : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée." Apocalypse, 1, 10-11.
 
Saint Jean s'adresse aux Sept Églises de Grèce d'Asie Mineure. En réalité, à travers elles, il interpelle tous les croyants disséminés sur le pourtour de la Méditerranée. Les Romains, avec la toute-puissance des empereurs et le paganisme, sont l'incarnation du mal. Il sont représentés par la Bête de la mer qui émerge de la Méditerranée, mer romaine (mare nostrum). La Bête de la terre est la menace interne que faisait peser la désaffection des contemporains de l'auteur sur le Christianisme des débuts.
 
Cette Apocalypse (qui vient d'un mot grec signifiant "révélation") de Jean est conçue comme le pendant quasi exact de la Genèse de Moïse. L'une préside à la création du macrocosme et du microcosme en partant de l'unité primordiale, l'autre assiste à une destruction, puis à une dissolution de la multiplicité, pour ne laisser la place qu'à l'unité. Le plan des Sept Jours de la Création est d'ailleurs ici suivi à l'envers, comme un phylactère que l'on enroulerait sur lui-même.
 
Déjà, les textes anciens pouvaient être lus selon plusieurs sens : littéral, symbolique et ésotérique. Les sculpteurs de l'époque romane l'attesteront en représentant Dieu soit avec un livre ouvert (exotérisme), soit avec un livre fermé (ésotérisme). Pour le cherchant du XXIe siècle, nourri des recherches de Carl Gustav Jung et de ses collaborateurs qui ont apporté une vision de l'univers mettant l'homme aux prises avec la réalité de son essence, l'Apocalypse peut être appréhendée comme une œuvre allégorique décrivant la transformation qui s'opère en l'homme, à la suite de nombreuses initiations, depuis sa matière brute, quasi animale, jusqu'à un état supérieur de conscience qui le mènera à la découverte de sa dimension spirituelle.
 
Tel l'alchimiste qui apprend au plomb qu'il est or, l'Apocalypse enseigne à l'homme qu'il possède en lui l'image de la divinité qui est à la base de la transmutation de son être.
 

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