C'est peut-être la sculpture la plus iconique de Salvador Dalí. Obsédé par la Vénus de Milo qu'il avait vue au Louvre, Dalí réinterprète cette image classique avec sa passion familière pour l'expérimentation visuelle. Il transforme la Vénus sereine et sensuelle en lui donnant un nouveau caractère et une nouvelle présence, supprimant le doux et diaphane drapé par six parallélépipèdes ressemblant à des tiroirs inclus dans la statue, un sur le front, quatre sur le buste et un sur le genou gauche. Dans la symbolique freudienne, les tiroirs correspondent aux profondeurs du psychisme et Dalí, qui vénérait le père de la psychanalyse, suit cette conception qui lui permet de dépasser les codes de la beauté idéale pour accéder "à la vérité d'un corps travaillé par l'inconscient", avec ses zones d'ombre et ses parties cachées, les choses refoulées, interdites par les conventions. Seule la psychanalyse peut, pour Dalí, ouvrir ces tiroirs.