Je me souviens de ce jour d'avril 1994 comme si c'était hier. Péniblement, regardant à chaque pas où je pose mon pied sur la roche luisante, me voilà en vue de l'entrée de la forteresse de Montségur qui dresse ses murailles à une centaine de mètres de moi. Ultime difficulté, il va me falloir franchir cette large faille qui s'ouvre sur mon chemin et éviter de glisser sur les pierres qui se trouvent de l'autre côté. Le souffle court, je rassemble mes forces pour sauter lorsque le soleil, en face de moi, fait briller le tronc d'un buis décharné. Je m'imagine alors que de nombreuses mains sont déjà venues s'agripper sur cet unique appui improbable. Je tends le bras pour m'assurer de la solidité de ce renfort secourable... et je franchis l'obstacle avec un sentiment de plénitude empreint de reconnaissance. Dans ce lieu flotte une atmosphère indéfinissable, mystique sans doute, que je ressens encore aujourd'hui en écrivant ces lignes.